Aboubakry N’diaye – Publié le 30.04.2025, 21h55
Le Département des Yvelines n’a pas, à l’heure actuelle, d’éléments précis relatifs aux recours déposés. Mais c’est en toute transparence et en pleine responsabilité qu’il assume sa mission de protection de l’Enfance pour laquelle il engage des moyens sans cesse croissants, à la fois financiers et humains, dans un contexte de crise inédite de ses finances.
L’exploitation sexuelle des jeunes, dont ceux confiés à la protection de l’Enfance, est un combat de société qui doit éviter la condamnation systématique des institutions, pente naturelle de l’hyper-médiatisation, pour se diriger vers les véritables responsables : les proxénètes et leurs réseaux mafieux.
Le Département souhaite partager dans ce cadre les éléments de contexte de l’exploitation sexuelle des jeunes mineurs dans les Yvelines dont il dispose et détailler les mesures qu’il prend au quotidien pour lutter contre ce phénomène inacceptable et odieux.
L’exploitation sexuelle des mineurs dans les Yvelines:
• le phénomène prend de l’ampleur: les signalements auprès de la Cellule de Recueil des Informations Préoccupantes (CRIP) et des autres services départementaux montrent une augmentation constante des cas d’exploitation sexuelle des mineurs: 65 signalements en 2024 contre 29 en 2023. Dans les établissements d’accueil de la protection de l’enfance, sur la même période, plus de 50 situations ont été identifiées.
• une réelle difficulté des professionnels de la protection de l’enfance compte tenu de la rapidité avec laquelle les jeunes se font « happer » par les réseaux/les réseaux sociaux et par leurs pairs. Le recrutement entre pairs est significatif et crée une inquiétude pour les professionnels dès qu’un seul jeune présentant cette problématique est accueilli au sein de leur structure.
Ce que fait l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) des Yvelines :
Conformément à la réglementation, les services de l’ASE prennent en charge les situations individuellement :
• lorsqu’une alerte est portée à connaissance de l’ASE (suspicion ou faits avérés de prostitution) concernant un jeune confié, le juge en charge du dossier de l’enfant est immédiatement informé. Le lien est fait par la CRIP avec le Parquet qui peut aussi ouvrir une enquête pour disparition inquiétante le cas échéant.
• le jeune est accompagné pour un dépôt de plainte et la famille est informée et peut aussi porter plainte ;
• des mesures d’éloignement peuvent être prises afin de renforcer la sécurité du mineur ;
• la situation est orientée vers la Cellule de Lutte Yvelinoise Contre la Prostitution (CLYP) ;
• un adressage systématique est fait vers le centre de santé sexuelle.
Le Département a pris la mesure de ce phénomène et mène depuis 2024 des actions bien au-delà du cadre réglementaire pour :
• prévenir les situations prostitutionnelles en informant et sensibilisant les jeunes;
• permettre un meilleur repérage par les professionnels;
• améliorer la prise en charge pluridisciplinaire et l’orientation des victimes;
• développer les solutions d’accueil de jour mises en œuvre sur le territoire.
Des moyens humains complémentaires et spécifiquement dédiés ont été déployés par le Département :
• 16 référents « lutte contre la prostitution » sont désignés sur le territoire yvelinois. Ces professionnels du Département sont chargés d’accompagner les autres professionnels dans le suivi des situations en cours, et de leur apporter un appui technique;
• un poste de coordination départementale pour la lutte contre l’exploitation sexuelle des mineurs, en lien avec les institutions et les partenaires associatifs. Cette coordination permet une collaboration étroite avec les Services de l’Etat (Justice, Protection Judiciaire de la Jeunesse, Police, Education nationale), les associations compétentes.
Ce que fait le Département des Yvelines fait à l’ASE et au-delà de l’ASE pour lutter contre ce phénomène :
Des actions de sensibilisation :
• dans les collèges et établissements ASE du département, et en particulier dans les zones sensibles (Saint-Quentin, Chanteloup, Mantes-la-Jolie, Sartrouville, Les Mureaux), des ateliers collectifs sont menés par les professionnels des Centres de santé sexuelle et les associations partenaires (ACPE, Colosse aux Pieds d’Argiles, Couples et Famille, Olympio). En 2025, 1720 jeunes vont bénéficier de ces actions collectives de prévention;
• généralisation d’Entretiens à la Vie Affective Relationnelle et Sexuelle (EVARS) pour tous les jeunes protégés à partir de 10 ans, par les professionnels de santé des centres départementaux. Il s’agit de prévenir et repérer les conduites à risque sexuelles;
• des consultations médicales de prévention des IST et dans le champ de la contraception sont également proposées avec une approche adaptée aux jeunes en situation de vulnérabilité;

Des actions pour renforcer le repérage de ce phénomène chez les jeunes :
• formation des 16 référents « lutte contre la prostitution » par l’association ACPE (Agir Contre la Prostitution des Enfants), pour leur permettre de soutenir l’ensemble des professionnels de l’enfance confrontés à ces situations;
• formation d’une centaine de professionnels de santé, de l’accueil, de l’évaluation et de l’enfance depuis décembre 2024 par des associations spécialisées (ACPE et Amicale du Nid) ;
• objectif de formation de l’ensemble des professionnels de la protection de l’enfance d’ici 2026.
Des actions pour prendre en charge les victimes :
• création de la Cellule de Lutte Yvelinoise Contre la Prostitution en novembre 2024 : déploiement du dispositif AdoSexo de l’association ACPE (Agir Contre la Prostitution des Enfants). Toutes les situations de prostitution avérées ou supposées lui sont orientées pour évaluation et accompagnement.
Maillage du territoire : 6 permanences sont organisées sur le territoire (Versailles, Rambouillet, Trappes, Les Mureaux, Mantes et Saint Germain en Laye) et permettent d’accompagner les familles, victimes et professionnels.
• création d’un tiers lieu à Versailles pour l’accueil de jour de jeunes en situations d’errance. Les mineurs victimes de prostitution peuvent se rendre sur ce lieu de répit en journée;
• mise en place d’un centre de prévention et de santé référent dans le département sur le sujet de la prostitution des mineurs (à Mantes), afin de faciliter la libération de la parole et le développement d’une prise en charge médicale adaptée.
• mise en place d’une équipe mobile de pédopsychiatrie de l’adolescent, dédiée à l’ASE, avec le Centre Hospitalier de Versailles ;
• renforcement de la coordination du parcours santé des enfants protégés, mise en place dès 2021 pour atteindre 11 infirmières, des agents administratifs et des accompagnateurs santé.
mantes-actu.net